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ALSACE.

tional et les rancunes de l’invasion. Ces messieurs ont compté sans leurs hôtes. La promiscuité de commande est allée directement contre son but, et je m’explique aisément ce mécompte.

D’abord, la communauté d’origine, sur laquelle on fondait de si beaux calculs, n’est pas moralement démontrée. Si les Alsaciens sont cousins, et cousins éloignés des Allemands du Sud, la voix du sang ne leur a rien dit, mais absolument rien en faveur des hommes du Nord. Le patois qu’on parle en Alsace ressemble à l’allemand de Berlin comme le provençal à la langue du Tasse. Si quelque Italien, trompé par une vague similitude des sons, élisait domicile dans les Bouches-du-Rhône comme dans une colonie de son pays, il serait étonné de ne comprendre personne et de n’être compris de personne. De même un Espagnol, dans le département des Landes, s’apercevrait bientôt que le patois de Dax n’a qu’une ressemblance lointaine avec le castillan. Je reviendrai plus d’une fois sur cette prétendue identité du langage qui a déjà causé bien des déboires à nos vainqueurs.

Mais c’est surtout par les idées et par les mœurs que l’Alsace diffère de l’Allemagne autant que le jour de la nuit. Nos Alsaciens, du moins ceux de Saverne, ne sont pas révolutionnaires, tant s’en faut : ils ont cru à Napoléon III ; ils ont voté le plébiscite et nommé tous les candidats of-