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ALSACE.

ques mois tous les ans, comme on allait jadis à Bade ou à Wiesbaden. Mais Bade et Wiesbaden n’étaient pas des pays arrachés à la France ; on y pouvait aller sans douleur et sans honte : on y vivait chez l’étranger, non chez le vainqueur ; on y était en voyageur et non en peuple conquis. Tant que l’Alsace sera aux Allemands, il n’y aura pas pour un Français une maison de plaisance en Alsace.

Que faire alors ? Vendre ? louer ? Mais vendre à qui ? louer à qui ? Il n’y a d’autres locataires ni d’autres acheteurs possibles que les Allemands, car la population indigène décroît à vue d’œil, et tous ceux qui peuvent émigrer font leurs malles.

Vendre ou louer aux Allemands une maison française est un acte qu’il faut excuser toutes les fois qu’il sera nécessaire ; mais je n’en suis pas encore réduit là, Dieu merci ! Tant que j’aurai dix doigts pour travailler, un ennemi ne profanera point les plus chers souvenirs de ma vie. Nous resterons ici tant qu’il le faudra pour bien voir, bien entendre et bien juger les sentiments de la population ; après quoi, nous fermerons la porte et nous emporterons la clef à Paris.