sont la tête empaillée de Trick, mon pauvre terrier, et le spectre de Jupiter II, notre beau cygne. Jupiter Ier était mort de maladie vers 1866 ; il avait eu l’honneur d’être disséqué par l’Académie des sciences, dans la personne de Charles Robin. Dumas fils eut pitié de la veuve Léda et lui choisit un camarade au Jardin d’acclimatation. J’avais laissé l’heureux ménage en brillante santé l’année dernière. Tout a péri pendant l’hiver : Léda, étranglée sur la glace par une bête, Jupiter II foudroyé par un coup de fusil anonyme. Je n’accuse personne.
Quant à mon pauvre Trick, il m’avait suivi à Wasselonne, lorsque je m’enfuis de Saverne après l’occupation prussienne. Si je l’avais laissé faire, il fût venu jusqu’à Paris. Par trois ou quatre fois, il me fallut le renvoyer à coups de pierre. Il s’éloigna enfin, mais son dernier regard me reste sur le cœur, comme un reproche. Brave bête ! je ne lui ai jamais connu qu’un seul défaut : c’était un goût immodéré pour le drap de culotte ; il avait la dent familière et quelquefois plus pénétrante qu’on n’eût voulu. L’étendue et la variété de nos relations offraient à son appétit une riche matière, mais, quoiqu’il eût tâté des morceaux de choix, mangé du sous-préfet, goûté du capitaine, il ne dédaignait pas le simple vagabond et l’affreux maraudeur. Nous avions même dû, pour le bon ordre, fixer le tarif de ses peccadilles : je payais