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Cette grille est ouverte, la maison fermée, le jardinier absent pour cause de marché, les clefs en ville chez un ami : personne n’attendait notre arrivée. Nous sommes accueillis par les menaces d’un de nos chiens qui montre les dents, et par les cris horribles d’une douzaine de paons effarés qui s’envolent jusqu’à la forêt voisine. Ce sont les seuls vivants que nous ayons rencontrés dans ce lieu naguère encore plein de vie, de bruit et de gaieté. En revanche, la végétation s’est donné carrière. Les glycines, les vignes vierges et les treilles qui tapissent la maison ne se contentent pas d’occuper tous les murs, elles se glissent entre les feuilles des persiennes, qu’il faudra dégager à coups de serpe avant d’ouvrir. Les arbres du jardin, surtout les jeunes que nous avons plantés nous-même, ont grandi follement : je suis confondu des progrès qu’ils ont pu faire dans une année ; il est vrai que je n’avais pas eu le temps de les regarder l’année dernière, et qu’en réalité mon attention est absente ici depuis l’automne de 1869. Les herbes sont hautes et drues, surtout dans les allées ; on y ferait paître un troupeau. Quelques vignes, négligées comme tout le reste, sont devenues folles ; elles grimpent aux arbres et suspendent leurs grappillons chétifs aux branches des cerisiers. Peu de fleurs dans les corbeilles à demi effacées, les plantes exotiques sont mortes ou ma-