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du Sud, de l’Ouest et du Centre ont fait leur devoir en votant contre la guerre.

L’avocat Ostermann, qui défend pied à pied les intérêts de la commune contre les proconsuls allemands, n’a pas pu se donner sciemment un tel démenti à lui-même. Il y a quelque chose là dessous. J’en aurai le cœur net en arrivant à Saverne.

Tandis que je débats ces graves questions dans le recueillement de la nuit, le train marche. Nous traversons la gare de Nancy, qui n’a jamais été si morne, même à quatre heures du matin. Une aurore triste et pluvieuse éclaire insensiblement les campagnes : à Blainville, il fait petit jour ; j’y remarque un bureau des postes allemandes où quelques étrangers en casquette d’uniforme brassent les lettres à pleins sacs. C’est la France qui fait partout les frais de ce service ; nos vainqueurs ont exigé une poste pour eux seuls, et gratuite encore. S’ils sont loin de leur pays, c’est notre faute, disent-ils, c’est nous qui les avons attirés sur notre territoire ; la charge des communications qu’ils entretiennent avec leurs gouvernements et leurs familles ne doit peser que sur nous. Amen ! Force nous est de dire amen à tout, puisque nous ne sommes pas les plus forts.

Les voyageurs descendent à la station d’Avricourt, comme autrefois à Kehl pour la visite des bagages. La douane allemande est là. Sur une ba-