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ALSACE.

à bon marché ; mais qu’il fallait absolument donner une leçon à la presse parisienne.

Je ne voyais pas trop comment les circonstances les plus atténuantes pourraient ramener un crime de haute trahison au niveau d’une contravention de simple police. Cependant je me couchai ce soir-là dans l’idée que nous réglerions tous nos comptes par huit jours de prison au minimum, un mois au plus, et, bercé par le doute entre ces deux hypothèses, je m’endormis d’un profond sommeil.

Tout à coup, un fracas de clefs et de verrous me réveille, et tout en me frottant les yeux, je vois ou plutôt je devine un des gardiens de la prison… « Comment ! vous dormez ? me dit-il. Pardonnez-moi de vous déranger, mais j’ai appris, par le plus grand des hasards, une si heureuse nouvelle que je n’ai pu me tenir de vous la communiquer : vous serez libre demain matin ! »

Si je n’imprime pas ici le nom de cet excellent homme, ce n’est pas ingratitude, mais prudence. Il est trop dangereux de remercier en public ceux qui se sont montrés nos amis contre les Prussiens.

Je dormis mal, on peut le croire, mais je ne me souviens pas d’avoir passé une meilleure mauvaise nuit.

Le lendemain matin, M. Schneegans et mes conseils accoururent à la prison pour confirmer la