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tant l’appui de sa parole à cette autorité qui le frappait.

On obéit, mais le lendemain et tous les jours suivants, la façade du petit couvent de la rue des Juifs fut décorée de fleurs et de rubans tricolores par des mains inconnues. Le jésuitisme était devenu, grâce aux Prussiens, une forme du patriotisme ; à tel point, qu’un éminent avocat de Strasbourg, M. Masse, m’a dit, dans ma prison :

— Je suis juif ; vivent les jésuites !

Les autres ordres religieux ne sont pas encore fixés sur le sort qui les attend ; on craint que la maison du Sacré-Cœur ne soit exilée à la suite des Pères, qui la gouvernaient peu ou prou. Le difficile sera de chasser les sœurs de Ribeauvillé et toutes les respectables filles qui dirigent l’enseignement des écoles et des salles d’asile. On en compte trois mille dans le pays annexé, et l’énormité de ce chiffre a, dit-on, fait réfléchir M. de Mœller. Ce n’est pas, Dieu le sait, que nos vainqueurs se préoccupent de ce qu’elles pourront devenir ; on ne pense pas plus à leur donner du pain pour leurs vieux jours qu’on ne s’est occupé d’indemniser les jésuites. Mais on se demande comment on pourra les remplacer.

Quant au clergé séculier, chaque jour qui s’écoule accroît sa gêne et ses perplexités. Il se voit menacé jusque dans ses moyens d’existence par