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ALSACE.

vieille connaissance, presque comme un ami. « Comment donc, me dit-il, vous qui faites métier d’étudier le cœur humain, êtes-vous venu vous jeter dans la gueule du loup ?

— Ma foi ! docteur, le cœur humain et le cœur prussien se ressemblent si peu qu’on étudierait l’un pendant vingt ans sans prendre une idée juste de l’autre.

— Et comment supportez-vous votre sort ?

— À merveille.

— La santé du corps ?

— Excellente.

— Et le moral ?

— Solide.

— Allons, tant mieux ! Et si cela devait durer, comme on le craint ?

— Je ne crois pas que cela dure longtemps ; mais, quoi qu’il puisse advenir, j’en ai pris mon parti d’avance. Si les Prussiens poursuivent en moi la liberté de la presse, ils me font plus d’honneur que je n’en aurais pu rêver. Si c’est comme Alsacien obstiné qu’ils me frappent, je serai trop content de souffrir un peu pour ce cher et malheureux pays.

Dulce et décorum !

— Eh ! lorsque tant de braves gens ont fait le