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ÉPILOGUE.

Gambrinus, en tirant par un geste machinal l’élastique de son petit chapeau, qui chaque fois lui cinglait le menton et les joues. Ennuyé d’en jouir si peu et presque honteux d’enfermer ces jolis oiseaux dans une si triste cage, j’abrégeai leur visite et je sentis un vrai soulagement d’être seul.

Ma chambre m’appartenait sans partage ; on avait déplacé un atelier de cordonnerie pour faire une cellule au petit meurtrier. J’avais deux ou trois livres de ma bibliothèque, je lisais, je prenais des notes, l’appétit revenait peu à peu, grâce au restaurateur de la gare, M. Traut, qui s’ingéniait à me nourrir. Décidément, je ne garderai pas un mauvais souvenir de cette pauvre cellule, si repoussante à mon arrivée, presque agréable à la fin. Parmi ceux qui y ont passé avant moi, combien de malheureux ont regretté de n’y pouvoir vieillir ! C’est la chambre du condamné à mort.

S’il m’était défendu d’y recevoir ma famille et mes amis, j’y ai fait connaissance avec deux hommes dont l’un m’a vivement ému et l’autre m’a instruit et intéressé. Le premier est le médecin des prisons, M. le docteur d’Eggs ; l’autre est l’aumônier catholique, M. l’abbé Gerber.

Le docteur d’Eggs est un grand beau vieillard, sec et droit : ses traits, fortement dessinés, ont cette physionomie expressive qui distingue les figures du dix-huitième siècle. Il m’aborda comme une