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ALSACE.

officiers saxons, gens d’honneur et d’indépendance et sans aucun enthousiasme pour larbitraire prussien.

Mais, si le procureur impérial n’était pas sûr de gagner sa cause devant eux, il était maître d’ajourner presque indéfiniment leur sentence. Ce supplément d’instruction pouvait nous mener loin, si l’équité de M. Merrem l’eût permis. Les articles publiés dans le Soir après le 27 octobre 1871 étaient couverts par la prescription, mais j’en avais donné quatre avant cette date, et pour ceux-là le mandat d’amener arrêtait la prescription pendant trois ans. Je me les rappelais assez bien pour être sûr qu’on n’y trouverait rien de grave, mais le temps de les traduire prolongeait inutilement ma réclusion.

Et si le procureur impérial s’avisait de faire acheter toute la collection du XIXe siècle depuis le 1er mai de cette année ! Il était presque sûr d’y rencontrer soit dans mes articles, soit dans ceux dont je suis responsable en qualité de gérant, quelques dures vérités à l’adresse du roi de Prusse ou du grand chancelier. En ce cas, les principes du droit international ne m’auraient point sauvé d’une condamnation, car Guillaume et M. de Bismarck sont des personnes sacrées qu’on n’effleure jamais impunément. Mais, grâce à Dieu, le XIXe siècle était à peu près inconnu à Strasbourg ;