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ÉPILOGUE.

les otages enfermés dans l’année 1871 à la maison de correction, me disaient : « Si une seule prison a reçu en un an 6,423 suspects, et dans le nombre une foule de gens de condition libérale, conseillers généraux, maires, instituteurs, ecclésiastiques, c’est qu’il n’y a ni scrupule, ni pudeur qui arrête un Prussien dès qu’il est le plus fort. » Je devais donc, pensait-on, m’attendre à tout, et le renvoi du dossier à M. Merrem attestait chez le procureur impérial le ferme propos d’avoir raison à tout prix. Derrière l’obstination de ce Staedler on voulait voir absolument la rancune de ses nouveaux collègues, les Dollinger, les Kern et autres renégats de Colmar, que j’avais rudement crossés. On me disait : « La magistrature allemande n’aura pas l’air de venger ses propres affronts, mais les mots que l’accusation vous reproche ne sont pas ceux pour lesquels on vous poursuit. »

Cependant, au nombre des hommes qui m’appuyaient de leurs conseils et de leur amitié, M. Alfred Mayer et Pfortner étaient moins pessimistes. Ils insistaient sur la composition actuelle du conseil de guerre mixte, qui semblait offrir en effet des garanties d’impartialité. Les deux juges civils étaient des magistrats de la Prusse rhénane, anciens avocats, nourris dans l’étude du code Napoléon, qui n’a jamais cessé d’être en vigueur chez eux ; les trois juges militaires étaient trois