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ALSACE.

sité. Ancien directeur des contributions indirectes, cet excellent M. Marcotte, pendant le siège de Strasbourg, prit le commandement des douaniers, qui ont été, après les marins d’Exelmans et de Dupetit-Thouars, les meilleurs soldats de la place. La capitulation l’y laissa prisonnier sur parole, et il se croyait bien en sûreté, lorsque, du jour au lendemain, sous le prétexte le plus dérisoire, l’autorité armée lui fit savoir qu’il était un homme dangereux. De prisonnier de guerre qu’il était, il passa, sans autre forme de procès, à la condition de prisonnier d’État.

On l’enferma d’abord à la maison de correction, et de là, malgré les protestations les plus légitimes, il fut emporté, dans une nuit glaciale, sans vêtements d’hiver, à l’âge de 65 ans, vers la forteresse inclémente d’Ehrenbreitstein. Sa captivité illégale a duré cinq grands mois, dont cinq semaines au fond d’une casemate du fort. Après quoi, les vainqueurs le jetèrent en liberté, comme ils l’avaient mis en prison, sans se donner la peine de l’acquitter, car il n’était ni accusé, ni prévenu, mais simplement empoigné.

Les détails de cette aventure n’étaient pas faits pour inspirer beaucoup de confiance à M. Marcotte, ni à mon avocat, ni à mes autres amis. Tous ceux qui avaient assisté aux folies de l’arbitraire prussien, ceux qui avaient compté les prisonniers et