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et pour sa gloire. L’Europe elle-même, avouons-le, dans l’ahurissement général de 1870, s’est montrée quelque peu Allemande ; elle n’a rien trouvé à dire contre les arguments du canon Krupp. Mais si l’opinion, comme la vapeur, est une force compressible, elle se venge quelquefois par de belles explosions. Patience !

Cet excellent M. Staedler, un jour que l’on croyait lui avoir démontré l’illégalité de sa poursuite, s’écria : « C’est égal ! avouez qu’il faut avoir un rude aplomb pour posséder une maison à Saverne lorsqu’on écrit de telles choses contre nous ! »

Quand le mot me fut rapporté, je répondis : « Mais j’étais à Saverne avant les Prussiens ; s’il leur déplaît de s’y trouver avec moi, qu’ils s’en aillent ! Ils en ont assez vu maintenant pour savoir qu’ils n’y seront pas regrettés. »

J’étais encore sous le coup de ces impertinences, le lundi soir, lorsque M. Merrem me fit subir mon deuxième interrogatoire. Il me parut aussi poli, disons même aussi bienveillant que l’avant-veille. Le feuilleton du Soir, traduit en allemand par l’interprète du tribunal, figurait comme pièce à conviction sur sa table, et l’on avait marqué par des coups de crayon les passages incriminés. Nous les lûmes ensemble ; ils contenaient des attaques assez vives contre l’organisation de la conquête prus-