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ÉPILOGUE.

— Eh ! mais, répondit-il, qu’on les arrête si l’on veut. Cela nous sera bien égal !

Ce propos nous remit en mémoire l’aventure de deux reporters prussiens qui pendant le siège de Bitche y coururent sur un faux bruit, convaincus que la ville était prise. Ils furent arrêtés comme espions et logés à la citadelle, où les obus de leur gracieux roi tombaient comme grêle autour d’eux. Ces malheureux hurlaient de peur et suppliaient les chefs de l’armée assiégeante d’intervenir en leur faveur, mais on n’eut garde. Il restera toujours assez de journalistes, au gré des soudards prussiens.

Un honorable habitant de Strasbourg disait à ce M. Staedler : « Mais ne craignez-vous pas, en condamnant un écrivain français, d’ameuter contre vous l’opinion de l’Europe ? » Il répondit : « Nous n’avons pas à compter avec l’opinion, par la raison bien simple que nous sommes les plus forts. »

C’est l’école de M. de Bismarck. Il est certain que le prince-chancelier n’eût pas accompli le demi-quart des choses monstrueuses qu’il a faites, sans ce profond dédain qu’il professe pour l’opinion. Les Allemands, race servile, ne refusent rien au plus fort ; la représentation nationale lui permet de décréter les impôts et de violer toutes les lois ; les malheureux États du Sud, rossés par lui, trouvent tout naturel de se faire décimer à son profit