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ALSACE.

diplomate français, si elle aboutissait à quelque grâce, ferait de moi l’obligé de nos ennemis, et je ne puis envisager cette idée sans horreur. Quant à l’intervention officielle, elle ne servirait qu’à mettre en relief la condition douloureuse de mon pays. Le gouvernement d’une grande nation comme la nôtre ne doit rien réclamer qu’il ne puisse obtenir par force, et lorsque les Prussiens sont encore à quelques marches de Paris, le devoir d’un citoyen est de tout endurer plutôt que de susciter la moindre affaire à la France.

V

Je n’ai pas douté un moment des sympathies de la presse française, quoique je m’y connusse, hélas ! un certain nombre d’ennemis. Depuis le premier jour de ma prison jusqu’au dernier, si j’ai pu me procurer très-peu de journaux, je les ai lus tous par intuition, et j’ai senti à mes côtés, comme un ferme appui, l’unanimité de leur patriotisme. Je faisais bien la part des circonstances, et je sa- vais que, dès le lendemain de cette épreuve, tous les Veuillots me feraient payer cher quelques bénédictions forcées ; mais je me souciais peu de leurs injures et de leurs calomnies, qui n’ont jamais déconsidéré qu’eux.