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ÉPILOGUE.
Une bataille du temps de la république

« On entamait l’action avec des nuées de tirailleurs à pied et à cheval ; lancés suivant une idée générale plutôt que dirigés dans les détails du mouvement, ils harcelaient l’ennemi, échappaient à ses masses par leur vélocité, et à l’effet de son canon par leur éparpillement. On les relevait afin que le feu ne languît pas, on les renforçait pour les rendre plus efficaces.

« Il est rare qu’une armée ait ses flancs appuyés d’une manière inexpugnable ; d’ailleurs, toutes les positions renferment en elles-mêmes, ou dans l’arrangement des troupes qui les défendent, quelques lacunes qui favorisent l’assaillant. Les tirailleurs s’y précipitaient par inspiration, et l’inspiration ne manquait point dans un pareil temps et avec de pareils soldats. Le défaut de la cuirasse une fois saisi, c’était à qui porterait son effort. L’artillerie volante — on appelait ainsi les pièces servies par des canonniers à cheval — accourait au galop et mitraillait à brûle-pourpoint. Le corps de bataille s’ébranlait dans le sens de l’impulsion indiquée ; l’infanterie en colonnes, car elle n’avait pas de feu à faire ; la cavalerie intercalée par régiments ou en escadrons, afin d’être disponible partout et pour tout. Quand la pluie des balles et des boulets de l’ennemi commençait à s’épaissir, un