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ÉPILOGUE.

ques cailloux qui les dérangèrent à peine, et s’en vint causer avec moi.

Je n’ai presque jamais passé auprès d’une manufacture sans y entrer, s’il était possible, et sans la visiter dans ses détails. Aussi, ce matin-là, profitai-je de la circonstance pour étudier cette fabrique de pleurs et de grincements de dents qu’on appelle une maison d’arrêt. Le gardien-chef, qui se nomme Haag, m’apprit des choses intéressantes. Il m’expliqua d’abord pourquoi beaucoup d’employés des prisons avaient accepté, comme lui, le service de la Prusse. Marié, père de trois enfants, il touchait 800 francs par an, du temps des Français, après quinze ans de service. Les Prussiens lui en donnent 2,700, outre le logement, le chauffage et l’éclairage. Les simples gardiens, qui ont à se loger en ville, touchent 2,400 francs environ, tout compris. On ne pouvait guère espérer que de pauvres gens mécontents de leur sort résisteraient à de telles amorces. Aussi le personnel de la prison est-il mi-parti d’Allemands importés et d’Alsaciens demeurés.

Les deux tiers environ des prévenus sont Alsaciens ; la nouvelle population allemande fournit le reste. On les soumet tous à un régime assez dur pour des prévenus. Ils se lèvent à cinq heures du matin, et, un quart d’heure après, ils doivent avoir fait leurs lits et quitté le dortoir. Leurs loge-