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ALSACE.

Les magistrats instructeurs sont aussi mal installés à Strasbourg qu’à Paris, et par suite de circonstances analogues. Là-bas aussi, le palais de justice est brûlé. Mais ils ont la consolation de savoir qu’il a été brûlé pour eux, par les obus de leur glorieux maître.

M. Merrem, juge d’instruction auprès du conseil de guerre mixte, est un homme d’environ trente ans, fort bien de sa personne et décoré d’une jolie barbe blonde dont il paraît avoir grand soin. Il me reçut très-poliment, s’excusa d’être mal logé et demanda si je pouvais subir mon interrogatoire en allemand. Je répondis que, sans ignorer la langue allemande, je ne m’en servais pas assez bien pour l’employer dans une circonstance si grave ; qu’un accusé ne doit sacrifier aucun de ses avantages, et qu’en faisant venir un interprète on m’obligerait beaucoup.

— Malheureusement, reprit-il, je n’ai pas d’interprète sous la main, mais j’entends assez le français pour vous comprendre, et nous nous expliquerons chacun dans notre langue, si vous voulez.

Ainsi fut fait ; et devant le greffier, M. Merrem procéda aux questions d’usage : Où êtes-vous né ? En quelle année ? Êtes-vous marié ? Combien d’enfants ? Avez-vous de la fortune ? Vous n’avez jamais subi aucune condamnation ? Il prit ensuite un vieux numéro du Soir, daté du 26 octobre 1871, et de-