Page:About - Alsace, 1875.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
169
ALSACE.

— Affaire de coups et blessures, une querelle de cabaret ; mais ce n’est pas un méchant garçon, vous verrez.

— Allons, voyons !

Il ouvrit donc la porte et je fus saisi, dès le seuil, par une vapeur humide et nauséabonde.

On avait lavé le plancher, comme tous les samedis, et l’on s’y était pris si tard que, malgré la fenêtre ouverte, l’odeur du savon gras et du vieux bois mouillé serrait la gorge et soulevait le cœur.

Cette entrée en matière m’avait assez mal disposé, et je me demandais comment, la fenêtre fermée, nous dormirions dans ce cloaque. Ce fut bien pis lorsque mon jeune compagnon m’eut conté sa petite histoire. Il s’était querellé après boire avec un de ses camarades, il l’avait frappé d’un couteau et la blessure avait été suivie de mort. J’ai toujours ouï dire que les prévenus d’un délit de presse, et même les condamnés, obtenaient, en pays civilisé, une prison fort habitable, et je n’ai jamais vu qu’on les mit en ménage avec des meurtriers.

Toutefois, quand j’eus fait plus ample connaissance avec mon voisin de chambrée, je changeai d’avis sur son compte et je ne tardai point à le trouver intéressant. C’était un enfant de dix-neuf ans, petit et imberbe. Son père, un pauvre garde