Page:About - Alsace, 1875.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
169
ALSACE.

patriotique, que le commissaire me pria d’entrer au buffet. Il fallut l’arrivée du train, à quatre heures, pour rassurer ce pauvre agent de la Prusse ; il me fit monter avec lui dans un compartiment de seconde classe, il se flanqua d’un gendarme à revolver, et, poussant un soupir de soulagement, il partit au milieu d’une immense bordée de coups de chapeau qui ne s’adressaient pas à lui.

En débarquant à Strasbourg, je trouvai sur le quai de la Gare mon vieil ami Pfortner, célèbre avocat alsacien, qui a opté et qui abandonne un revenu de 25,000 francs pour recommencer sa carrière à Dijon. Il me présenta à son compagnon, M. Schneegans, avoué de grand talent, qui plaide également bien en français et en allemand, et qui avait bien voulu se charger de ma défense. L’un et l’autre, en deux mots, me mirent au courant de l’affaire et calmèrent mes inquiétudes :

— Il s’agit, dirent-ils, de vos articles du Soir ; on vous poursuit pour haute trahison, mais personne ne croit l’accusation soutenable. Cependant tout est possible ici. L’essentiel est que les magistrats sont décidés à mener rondement les choses ; vous serez jugé le 25 au plus tard, peut-être même tiendra-t-on d’ici là une séance extraordinaire. Le conseil de guerre est mieux composé en ce moment que vous ne semblez le croire, et le juge