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ÉPILOGUE.

Strasbourg. On me rendit ma montre et mon argent, en m’invitant à vérifier le compte.

— Eh ! parbleu, répondis-je, j’aime à croire que si vous étiez des voleurs, vous ne seriez pas des geôliers.

Mon commissaire du matin prit un nouveau détour pour me mener discrètement à la gare, mais l’éveil était donné. On avait remarqué que la police mettait ses gants, de vieux gants noirs déteints qui ne servaient que dans les occasions solennelles ; il n’en fallait pas davantage pour apprendre à tout le pays que j’allais être transféré. La foule se porta donc à la gare, et si j’ai fait un peu de bien dans ma vie aux honnêtes gens de cette pauvre petite ville très-française, j’en fus plus que payé ce jour-là par la sympathie générale. En dépit des gendarmes, et à la barbe rousse du commissaire, je me vis entouré, embrassé, presque fêté.

Il n’y eut pas de secret qui tint, plus de vingt personnes trouvèrent le moyen de s’entretenir avec moi. On m’apprit qu’un de nos amis m’avait devancé à Strasbourg pour chercher un avocat, tandis qu’un autre allait porter une dépêche au télégraphe français d’Avricourt. C’était à qui se chargerait d’un message pour ma famille.

L’encombrement fut tel et la manifestation prit en un rien de temps une couleur si franchement