Page:About - Alsace, 1875.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
169
ALSACE.

jamais mieux porté que durant ces huit jours. Une deuxième visite succéda sans interruption à la première ; en voyant entrer M. Weber, avoué de Saverne et notre vieil ami, je pensai que pour un prisonnier au secret, je n’étais pas trop rigoureusement isolé.

M. Weber me conta qu’averti par ma femme, il avait couru chez le Kreisdirector (sous-préfet) et chez le procureur impérial. Ces messieurs n’étaient pour rien, disaient-ils, dans mon arrestation ; l’ordre venait de Berlin, j’étais poursuivi par le ministre de la guerre. D’ailleurs, le fonctionnaire et le magistrat promettaient de me traiter avec les plus grands égards, tant que je resterais à Saverne. Mais pourquoi diable me garder à Saverne, où l’on ne pouvait ni juger ni même instruire le procès ? J’enrageais à l’idée de languir plusieurs jours peut-être, sans faire un pas vers la solution.

Quand je vis le geôlier changer les draps du lit, apporter les ustensiles les plus indispensables de la toilette et m’installer assez proprement, j’en conclus qu’on voulait me garder longtemps à Saverne, et je me pris à maudire les pauvres gens qui faisaient de leur mieux. Mais à peine eurent-ils fini, que la porte s’ouvrit de nouveau et qu’on m’invita à descendre. Le commissaire et les gendarmes m’attendaient au greffe pour me conduire