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ÉPILOGUE.

bles, j’apprenais que le mot foyer est un dérivé de foy ou foi, et qu’on a reconnu dans les Védas une imitation du Pentateuque. Enfin, l’auteur, dans son beau style à grands ramages, me faisait l’effet d’un avocat qui plaidait les circonstances atténuantes en faveur de la religion, sans y croire. J’étais sans doute injuste, et je me rappelai un mot de Lamennais qui déclare qu’on ne sait pas écrire en prison. Il est probable, pensai-je en moi-même, qu’on n’y sait pas lire non plus.

De temps à autre, un léger bruit m’apprenait que j’étais observé à travers le petit trou du guichet, et je m’empressais aussitôt de faire bonne contenance. Je me frottais les mains, je me promenais en souriant, je prenais une physionomie expressive qui devait dire au curieux, quel qu’il fût : Ces Prussiens sont de grands sots, il me servent en croyant me nuire, et je me moque de leur prison ! Mais, au fond, j’avais le cœur serré.

Le médecin de la prison, M. Hirtz, un bon homme que je connais d’ancienne date, vint me voir dans l’après-midi. « J’apprends que vous êtes malade, me dit-il, et j’accours. » Je lui répondis sans mentir que j’avais été très-souffrant, mais que je ne l’étais plus. Le fait est que ces émotions, quoique assez peu réconfortantes en elles-mêmes, m’avaient guéri comme par enchantement ; le mal moral avait dérivé la douleur physique, et je ne me suis