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ÉPILOGUE.

fecture de la Seine, où M. Campenon, l’aimable substitut, a bien voulu me promener il y a deux mois. En revanche, le mobilier laissait beaucoup à dire : il se composait d’une table, d’un banc et d’un lit dont les draps, découpés dans la toile d’emballage, étaient couverts de plumes par un oreiller décousu. Mais je ne songeais guère à dormir, et mon premier besoin fut d’arpenter la chambre dans tous les sens ; j’y fis au moins trois lieues, à grandes enjambées, en me livrant à mes réflexions.

S’il faut tout dire, je n’étais nullement rassuré sur la fin de cette aventure, et je fus démoralisé un moment par la perspective de l’inconnu. Après un examen de conscience long, sérieux, sévère jusqu’à l’excès, je restai convaincu que les Prussiens m’avaient cherché une querelle d’Allemand ; mais comment me dissimuler qu’ils étaient juges et parties dans l’affaire et maîtres de me garder longtemps ? En bonne foi, ils ne pouvaient me reprocher que des articles de journal publiés en France, sous le régime des lois françaises, et presque vieux d’un an ; or leur législation elle-même prescrit par six mois les délits de presse. J’avais visité les travaux, fort suspects à mon sens, qu’ils exécutent autour de Belfort ; mais je l’avais fait prudemment, à distance respectueuse, et sans enfreindre aucune consigne. Je n’avais pas prononcé de dis-