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ÉPILOGUE.

toutes, sauf une, tandis que M. le commissaire, avec sa barbe rousse en éventail, se promène dans l’appartement et semble inventorier nos pendules.

Quand je suis prêt, nous partons à pied pour Saverne, le commissaire à ma gauche, le renégat à ma droite, les gendarmes et leurs revolvers à quelques pas en arrière.

À l’entrée de la ville, le commissaire, d’un ton tort doux, m’invite à prendre une route circulaire qui contourne les trois quarts de la ville. Je réponds qu’il ne me répugne point de parcourir la Grand’Rue en sa compagnie ; mais il insiste de manière à me faire comprendre que l’éclat de cette arrestation l’embarrasse plus que moi. La route qu’il a choisie est presque déserte ; à peine si nous rencontrons cinq ou six braves ouvriers qui me saluent cordialement, et par un long détour nous arrivons à quelques pas du tribunal où le procureur impérial est censé m’attendre.

Mais le tribunal est à gauche et l’on me fait tourner à droite. Je devine que nous ne verrons pas MM. les magistrats du roi Guillaume sans passer par la prison.

Je la connais depuis longtemps, la prison cellulaire de Saverne, je la connais pour l’avoir côtoyée, il y a tantôt dix ans, dans un procès de presse qui i fait quelque bruit en Alsace. Depuis cette aven-