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ALSACE.

ciels de donner la mort sans la craindre, on n’a pas besoin d’être très-Prussien pour éprouver la tentation presque irrésistible d’avoir cela pour soi plutôt que contre soi.

La question de droit, que les Prussiens eux-mêmes ne sauraient mettre sous leurs pieds sans émouvoir le monde civilisé, ne fait pas l’ombre d’un doute. Il est certain que le traité qui nous arrache l’Alsace et une partie de la Lorraine a confirmé nos droits sur Belfort. On sait aussi ce que Belfort nous a coûté, outre le sang de cinq ou six mille braves : nous avons racheté cette ville au prix d’une humiliation dont Paris n’est pas consolé !

L’entrée triomphale des Allemands aux Champs-Élysées, l’enlèvement des canons par les hommes de la Commune, le 18 mars, deux mois et plus de guerre civile, la destruction de nos monuments historiques, le massacre des otages, une répression légitime, mais effroyable, et dont le souvenir fermentera encore dans vingt ans : tel est, en abrégé, le prix coûtant de cette place que M. de Moltke caresse avec regret en pensant qu’il faudra nous la rendre. Ne l’avons-nous pas payée assez cher ? Ajoutez, s’il vous plaît, qu’une partie du territoire voisin a été régulièrement échangée à Francfort contre certain canton minier que l’Allemagne convoitait aux environs de Thionville.

Ces faits appartiennent à l’histoire, ils appar-