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ALSACE.

chaque heure de la nuit. « Les Prussiens sont ici, me disait-on, ce qu’ils ont été partout, c’est-à-dire des héros prudentissimes. Pourquoi renonceraient-ils à des pratiques consacrées par un long usage et prescrites par quelque règlement général ? Il est certain qu’à Bellevue et dans les forts des Perches ils ne se sont pas contentés de réparer les brèches que leur artillerie avait faites. Où nous n’avions que des ouvrages improvisés, à peine tenables, ils ont construit des forts solides, bien casematés, où les hommes, couverts par deux mètres de terre battue sur des poutres énormes, sont à l’abri de tous les obus.

« Ils remplacent çà et là de simples terrassements par des murailles de pierres ; à quoi bon le nier ? Ces travaux sont commandés à un entrepreneur français, nommé Simon, connu, sinon considéré de toute la ville, et les ouvriers qui les exécutent ne sont ni aveugles ni muets. Or, les Prussiens n’ont pas l’habitude de gaspiller l’argent en pure perte, et nous reconnaissons volontiers que s’ils voyagent hors de chez eux en corps de troupe, ce n’est pas pour distribuer leurs millions aux peuples étrangers. Mais rien ne prouve, Dieu merci, qu’après avoir construit, ou reconstruit nos forts pour la nécessité temporaire de leur armée, ils ne nous les vendront pas sur facture au moment d’évacuer notre pays. »