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BELFORT.

dans le même esprit qu’au nord et à l’est de Strasbourg. Si je me suis trompé, c’est en bonne compagnie, avec les hommes les plus éclairés et les meilleures patriotes de Belfort.

Il y a toutefois, je dois le dire, deux courants d’opinion. Tandis qu’un certain nombre de Français jettent le cri d’alarme et accusent nos ennemis de s’implanter définitivement autour de la ville, d’autres, non moins sincères, mais peut-être moins clairvoyants, assurent que les Prussiens ne sont coupables que d’un léger excès de prudence : ils se gardent, et rien de plus. Il est, dit-on, dans leurs habitudes de protéger sérieusement leur garnisons partout où la chose est possible, et, dès qu’ils occupent un fort, leur premier mouvement est de s’y mettre à l’abri des coups de mains. Un tel système a l’avantage de tenir les soldats en haleine, de les entraîner par un labeur quotidien, et de leur rappeler constamment qu’ils sont en pays ennemi. C’est ainsi que les légions romaines se retranchaient tous les soirs dans des camps improvisés, mais assez bien construits et assez grandioses pour que plus d’un, après vingt siècles de durée, fasse encore l’étonnement de la postérité.

On me montrait à l’appui de cette thèse un petit corps de garde établi devant notre hôtel. Le poste y était retranché derrière de fortes palissades, et le cri de la sentinelle éveillait tout le voisinage à