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ALSACE.

chez nous que nous ne l’avons jamais été nous-mêmes. Ils gardent avec soin, non-seulement contre une surprise tout à fait invraisemblable, mais contre notre curiosité la plus innocente, ces forts qui sont à nous en vertu d’un traité et que nous devons reprendre à jour fixe, moyennant la rançon convenue. Je n’ai pas ouï dire qu’un officier français, ni même un bourgeois sans conséquence, ait pénétré, depuis la paix, dans ces retranchements, où nous devons rentrer tambour battant, avant dix-huit mois, pour relever les sentinelles allemandes. Tous les curieux qui viennent de loin, comme moi, dans l’espoir de connaître le fin du fin, sont maintenus à bonne distance. Mais il est permis de vaguer sur les routes, soit à pied, soit en voiture, et d’observer tous les points saillants qui décorent le paysage. J’ai donc pu voir, dans le camp retranché, les nombreux et vastes baraquements qui se construisent à nos frais pour l’armée d’occupation ; dans les fossés de la ville, quelques-uns de ces magasins où l’administration prussienne accumule six mois de vivres selon les uns, et neuf mois selon les autres. En parcourant la campagne, j’ai vu le fort de Bellevue, remis à neuf, et les Perches, occupées par une fourmilière d’ouvriers. Ma première impression que je me garde bien de donner pour infaillible, fut qu’on travaillait là avec autant d’ardeur et