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ALSACE.

ordre du gouvernement français qui la lui a ouverte, et nos soldats décimés, exténués, mais invaincus, sont sortis de Belfort avec armes et bagages, le 18 février 1871.

La bonne foi m’oblige à dire que ce jour-là, l’ennemi, installé sur les Hautes et les Basses-Perches, était maître d’anéantir la ville en quelques heures. Avouons franchement que l’artillerie prussienne, après trois mois et demi de travail incessant, a prouvé qu’elle était plus forte que les défenses si renommées de Belfort ; mais le colonel Denfert et ses dignes soldats ont eu la gloire de prolonger la résistance jusqu’au moment où la paix rendait tout effort inutile.

Il faut voir le terrain de cette longue bataille pour apprécier les mérites des assiégeants et des assiégés. Nous avions pour nous l’avantage d’une admirable position. Le Château de Belfort est peut-être la plus forte citadelle qui soit sortie des mains de Vauban ; le camp retranché du vallon, couvert à la lois par la place, par le château et par les forts de la Miotte et de la Justice, était considéré à bon droit comme une position imprenable. Mais Vauban n’avait pas prévu les progrès de la balistique moderne, et les successeurs dégénérés de ce grand homme les ont suivis de loin, avec une curiosité inerte.

Ils n’ont su ni les utiliser en réformant notre