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BELFORT.

écrire, quoiqu’on en ait publié plusieurs récits. Les narrateurs, assurément sincères, mais encore trop échauffés pour parler sans passion, se disputent la gloire et la tirent chacun à soi. La postérité impartiale les mettra tous d’accord en disant que depuis le commandant supérieur, M. Denfert, jusqu’au moindre bourgeois de la ville, tous, officiers, soldats, gardes mobiles, mobilisés, habitants, ont bien mérité de la patrie. Ceux-là même qui n’ont pas eu l’honneur de combattre ont attendu la mort avec un stoïcisme rare.

Une garnison de 17,600 hommes, qui ne comptait pas plus de 5,000 soldats de ligne, presque tous conscrits de dépôt, s’est si bien aguerrie en peu de temps qu’elle ne tenait plus aucun compte du froid, des privations et des dangers. Les approches de la place ont été savamment gardées et vaillamment défendues. Un siège de 104 jours, 410,000 obus de tout calibre lancés sans interruption durant 75 jours, une épidémie de variole et la contagion des fièvres purulentes, qui tuaient un blessé sur deux, ne découragèrent ni la garnison, ni la population civile, quoique le général de Trescow, assiégeant, eût interdit la sortie des vieillards, des enfants et des femmes.

Ce beau type d’humanité germanique n’a pas eu, malgré tout, l’honneur de prendre la ville ; il ne l’a point enlevée à ses défenseurs ; c’est un