Page:About - Alsace, 1875.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
ALSACE.

Mais ce qu’on rencontre surtout, c’est le carrier allemand qui fracasse notre grès vosgien par le pic, la nitro-glycérine ou la poudre ; le carrier du roi Guillaume, qui débite à tour de bras nos magnifiques rochers pour en blinder les forts prussiens. De tous côtés, les moellons rouges dégringolent en bondissant à travers les malheureux arbres qu’ils pèlent, qu’ils meurtrissent ou qu’ils brisent ; partout on voit ces lourdes masses s’accumuler sur les bateaux des forteresses impériales.

Si le spectacle de Phalsbourg démantelé m’avait un peu serré le cœur, ce travail de nos ennemis et la comparaison de leur activité avec la nôtre me faisaient cent fois plus de mal. Je me disais : Phalsbourg est jugé depuis longtemps, nous l’avions condamné nous-mêmes, comme nous avions reconnu la nécessité de couvrir le nord et l’est de Strasbourg, Que nous eût-il coûté de faire ce que nos ennemis exécutent si facilement contre nous ? Qui faut-il accuser ? Les comités spéciaux, le gouvernement ou les Chambres ? Il importe assez peu, puisque le mal est fait. Convenons franchement, tous ensemble, qu’hier nous étions fous. Mais pouvons nous jurer que nous serons plus raisonnables demain ?

Je n’étais plus qu’à deux ou trois cents mètres de la ville, quand un petit villageois, pieds nus,