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ALSACE.

que la beauté du pays, les facilités de la vie et surtout le spectacle d’une petite garnison toujours en mouvement attiraient et charmaient.

Où iront-ils finir leur triste vie ? Les quatre que je vois jouissent de leur reste avec plus de souci déjà que déplaisir. La population civile, accoutumée à loger les officiers, à les nourrir, ou du moins à les fréquenter, était aux trois quarts militaire. J’ai connu par ici un notaire qui savait l’Annuaire par cœur. Que voulez-vous ? On ne naît pas impunément citoyen d’une ville imprenable, et Phalsbourg a passé pour tel jusqu’au jour où les Allemands l’ont réduit par famine. Les habitants qui n’émigreront pas auront cruellement à souffrir du contact obligé, quotidien, permanent des uniformes étrangers. Un poste à chaque entrée, un poste sur la place, un factionnaire tous les dix pas, quatre soldats contre un bourgeois dans chaque rue. La garnison ne sait que l’allemand, et les trois quarts de la population ne parlent que le français.

Cependant je remarque que les maisons bombardées se rebâtissent assez vivement ; toute cette destruction sera réparée dans six mois aux frais de la Prusse. L’église seule est restée telle que l’incendie l’a faite ; j’assiste à la célébration d’un mariage religieux sous les halles, où un autel provisoire est dressé.