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PHALSBOURG.

nom sans en écrire un autre. Phalsbourg, dans son beau temps, ne fut jamais qu’un fort habité ; les remparts entouraient les casernes et les magasins militaires, qui enveloppaient les maisons bourgeoises, serrées en petits groupes autour de la place d’armes, où s’élève la statue du maréchal Lobau. La statue est toujours à sa place ; qu’en feront-ils ? Que feront-ils de Kléber, à Strasbourg ? et de ce pauvre Rapp, qu’un officier bavarois, son neveu, paraît-il, est venu saluer en grande pompe sur une place de Colmar ?

Enlever ou détruire ces monuments serait un acte d’impiété ; mais les laisser debout au milieu des soudards allemands, n’est-ce pas une ironie ? Les héros de notre histoire opteraient pour nous, s’ils vivaient encore ; pourquoi les Allemands ne leur permettent-ils pas d’émigrer ? Nous les recueillerions pieusement dans quelques villes de la frontière, et si le vainqueur alléguait que tout ce bronze vaut quelque argent, la France est encore assez riche pour racheter ses vieilles gloires.

Sur la place Lobau, où quelques rangées de vieux arbres sont encore debout, quatre hommes d’âge se promènent mélancoliquement : l’un d’eux porte à sa boutonnière un large ruban de la Légion d’honneur : ils ont tous la tournure et la physionomie qui distinguent nos anciens militaires. Phalsbourg était peuplé d’officiers en retraite