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ALSACE.

et de brutal. Lorsqu’un capitaine français crie à ses soldats : Portez arme ! le ton est à la fois paternel, martial, et, comment dirai-je encore ? assaisonné d’une pointe d’orgueil. C’est comme s’il disait : Allons, enfants de la patrie, montrez à ces pékins, qui vous admirent, avec quelle vivacité et quel ensemble vous maniez ce bon chassepot ! Quand c’est un hauptmann qui commande de sa voix sifflante, il a l’air de crier : Tas d’esclaves ! animaux inférieurs ! faudra-t-il vous casser les reins pour vous apprendre à porter arme ?

La ville n’est pas loin, voici le cimetière. Un vieillard arrache les souches des peupliers qu’on a coupés avant le siège ; un, enfant assis sur le petit mur à hauteur d’appui, le regarde en sifflant la Marseillaise.

Enfin voici Phalsbourg ; je le vois, je le touche, j’y suis, et je ne le reconnais pas. Tous les revêtements d’escarpe et de contre-escarpe sont arrachés et jetés dans les fossés, et les terrassements mis à nu ressemblent à de grossiers poudingues. La ville ainsi démantelée a la physionomie d’un pâté dont on aurait ôté la croûte. On me pardonnera cette comparaison vulgaire ; c’est la seule qui rende exactement mon impression.

J’entre en ville par la porte d’Allemagne, qui naturellement a conservé son nom, et je pousse jusqu’à la porte de France, dont ils ont effacé le