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PHALSBOURG.

franchit l’obstacle, il venait échouer devant Phalsbourg. Voilà la théorie dont nous nous sommes bercés, comme de vieux enfants, jusqu’au réveil affreux de 1870. Les villages de nos montagnes étaient les avant-postes et Phalsbourg le corps de place ; on comptait les uns sur les autres ; on communiquait fréquemment ; les soldats de la garnison voisinaient avec nous au moins tous les dimanches. Pour Saverne, Phalsbourg n’était pas seulement la première halle sur le chemin de la Meurthe ; il fallait encore y passer pour se rendre au canton de Drülingen, qui fait partie de notre arrondissement. Il y avait d’ailleurs une intimité si étroite entre les Phalsbourgeois et nous, que personne ne songeait à demander s’ils étaient de Lorraine ou d’Alsace. Les Ulirich de Phalsbourg passaient pour les plus braves des Alsaciens, et l’écrivain le plus justement populaire de l’Alsace, Émile Erckmann, a toujours travaillé dans son pays natal, à Phalsbourg.

Le lecteur ne sera donc pas étonné si la douloureuse curiosité qui m’a ramené en Alsace me jette un matin hors du cadre de mes études, plus étroit que le champ de mes affections. C’était le 10 septembre.

Je partis seul, à pied, par les sentiers de la forêt, pour rejoindre la route au Saut du prince Charles. La première construction qui s’offrit à ma vue est