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L’ÉMIGRATION.

santerie ! Vous pouvez égorger les Alsaciens, puisque vous êtes les plus forts, mais il n’y a ni code, ni traité, qui vous donne le droit de les déshonorer.

J’entends dire que les Prussiens ont recensé la population de Mulhouse dès le 1er octobre au matin. Et après ? Les voilà bien avancés ! Il n’y a pas de recensement qui tienne. Dès qu’un de vos prétendus sujets passera la frontière et viendra, son certificat d’option à la main, réclamer la qualité de Français, il n’y aura qu’une voix dans la nation pour lui crier : Frère, tu es des nôtres !

En vérité, les vieux roués de la chancellerie germanique me semblent bien naïfs pour leur âge si, le 1er octobre, en prenant le café au lait, ils se sont dit : Toutes les âmes qui errent aujourd’hui sur le sol de l’Alsace et de la Lorraine sont à nous !

Le pays annexé contenait 1,600,000 habitants ; on estime que 1,100,000 ont opté et que 600,000 ont rendu leur option valable aux yeux des Allemands eux-mêmes en prenant le chemin de l’exil. Il y en a donc 500,000 qui, sans pouvoir quitter le pays, ont formellement réclamé la nationalité française. Ceux-là sont-ils à nous ou à la Prusse ? Le roi Guillaume peut dire : Ils sont ma chose ; mais, aux yeux du monde civilisé, un homme n’est pas une chose, et les optants ne sont que des corps volés dont l’âme appartient à la France.