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ALSACE.

énormes ; elle élève la voix, elle veut protester, elle aussi, en faveur de la vieille unité française,

Une rage d’option se déclare chez ces pauvres gens, qui, Dieu merci, ont le cœur aussi français que les riches. Ils envahissent les bureaux prussiens, que le kresdirector effaré barricade au plus vite : mais le mouvement est trop vif et trop généreux pour qu’un tel obstacle l’arrête ; on veut opter, on optera. Les Allemands ne veulent pas enregistrer ce cri unanime d’un peuple ; soit ! Il y a un consul français à Bâle, un administrateur français à Belfort. Chaque train du chemin de fer est envahi, débordé par des milliers d’hommes qui vont remplir le devoir national, et soulagés, contents d’eux-mêmes, retournent au travail en criant : « Vive la France ! »

Et quelque diplomate à la suite des armées prussiennes, quelque jurisconsulte roulant dans un caisson derrière le canon Krupp, viendra prouver par des arguments in modo et figura que cette option n’est pas valable ! Parce qu’un ouvrier n’aura pas trouvé dans sa poche deux ou trois cents francs pour payer le voyage de sa femme et de ses enfants ; parce qu’un paysan n’aura pas pu abandonner son toit, son coin de terre et sa récolte encore pendante à l’échéance du 1er octobre, vous croyez que ces braves gens seront, par cela seul, des Allemands comme vous ? Ô la lugubre plai-