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L’ÉMIGRATION.

notaires, qui ont le choix entre un remboursement intégral du prix de leur charge, moyennant abandon de l’étude, ou une indemnité de moitié, avec jouissance viagère, aiment mieux vendre tout en bloc et abandonner le pays.

On raconte, et le fait n’est pas absolument incroyable, qu’un certain nombre de Strasbourgeois ont dit adieu sans trop de regret à notre colonie de fonctionnaires : il s’agit, vous le devinez, du vieux noyau protestant qui regrettait encore, après deux siècles d’annexion, sa chère autonomie. Si les grandes fortunes sont rares dans la ville, on y compte par milliers les familles aisées, laborieuses, respectables, qui vivent entre elles, et qui se suffiraient volontiers dans un petit État indépendant comme l’ancien Strasbourg ou tel canton de la Suisse moderne. Un observateur clairvoyant et très-probablement sincère, m’affirme que cet élément de la population souffrait de se voir dominé et éclipsé par la colonie, et que le premier cri de plus d’une famille a été : Dieu merci ! nous voilà chez nous ! Mais il ajoute, et je le crois sans peine, que ce petit mouvement d’égoïsme ou de particularisme n’a pas duré. J’entends dire de tous côtés que les plus vieux bourgeois, les plus déterminés protestants, les boudeurs les plus maussades ont bientôt fait entre les anciens et les nouveaux fonctionnaires une comparaison