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ALSACE.

mal, mais ils mangent sans trêve, et quoi qu’ils puissent gagner sur notre malheureuse province, ils avalent tout.

« Si la rusticité de leurs goûts leur donne un certain avantage à la guerre sur les peuples plus civilisés, si leur indifférence aux alcools doit nous servir de leçon, car la garnison de Strasbourg ne boit pas en un jour quatre verres d’absinthe, il n’en faut pas conclure que ces fiers conquérants soient plus rangés et plus sages que les Français. S’ils ne doivent acheter nos châteaux que sur leurs économies, ils attendront longtemps. Vous ne savez donc pas que les Français, si imprévoyants et si légers en apparence, replacent bon an mal an les neuf dixièmes de leurs revenus mobiliers, tandis que les Germains du Nord, ces hommes lourds, n’en remploient guère qu’un dixième ? »

IV

À part les militaires, les employés et les manœuvres, gent nomade qui peut s’en aller comme elle est venue, du jour au lendemain, les Allemands n’ont pour ainsi dire importé personne en Alsace : combleront-ils le vide qu’ils font ? J’ose en douter. Dans la ville que je connais le mieux, à Saverne, un aubergiste allemand, assez malheu-