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L’ÉMIGRATION.

dinscrire des déclarations nulles : on sait bien que vus n’émigrerez pas ! »

Quand il fut amplement prouvé que la jeunesse au moins optait pour émigrer d’urgence, et que les vieux parents resteraient seuls dans le pays, le vainqueur ne négligea rien pour enchaîner les fils à la condition de leurs pères ; il décida que les chefs de famille ne pourraient pas opter pour leurs enfants mineurs sans opter pour eux-mêmes, c’est-à-dire sans abandonner tout ce qu’ils possédaient sur le territoire annexé. Le traité de Francfort avait pourtant garanti la personne et la propriété des optants ! Dans leur tendresse ingénieuse, les parents s’avisèrent d’émanciper leurs fils pour qu’ils eussent le droit d’opter et d’émigrer sans le reste de la famille. Ce subterfuge réussit un moment ; j’ai publié en mai, dans le XIXe siècle, les pièces authentiques d’une émancipation de mineur, suivie d’option. Mais bientôt les gens de Berlin nièrent le droit indiscutable qu’ils avaient reconnu et consacré par des actes ; leurs journaux nous firent connaître que les mineurs émancipés ne seraient pas admis à opter valablement. Par surcroît de précaution, ils affichèrent dans les communes la loi qui punit d’une amende de 50 à 1, 000 thalers, selon leur fortune, les familles des réfractaires.

Tout ce luxe d’injustice et de violence ne servit