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ALSACE.

payer. On eût même envoyé les enfants dans leurs écoles allemandes ; ils y vont déjà, l’on se plie aux rigueurs de l’enseignement obligatoire ; on se fait une raison, on sait que les jeunes Français de l’intérieur apprennent l’allemand et on l’apprend comme eux, aux mêmes fins.

Qui sait ce que l’Alsace et la Lorraine annexées seraient devenues en dix ans, sous un régime intelligent, humain et paternel ? On pouvait dégrever les impôts, car le pays n’a plus de dette ; on pouvait transporter les voyageurs et les marchandises à vil prix sur des chemins de fer qui n’ont rien coûté ; on pouvait développer une telle prospérité dans ces provinces que le patriotisme des âmes vulgaires eût succombé au régime émollient du bien-être. Quelle honte pour les annexés, et quel danger pour notre patrie !

Nous y avons échappé, Dieu merci, et M. de Bismarck, qui passe pour un esprit délié, a commis, dans notre intérêt, la plus énorme balourdise. L’expulsion des optants et l’imminence du recrutement prussien ont rendu tout accommodement impossible entre les conquérants et le peuple conquis. Le roi Guillaume, un peu gâté par l’habitude de gouverner des Allemands, a cru, qu’il suffisait de commander pour être obéi en Alsace. M. de Moltke avait hâte de former ses régiments d’Alsace-Lorraine pour armer nos meilleurs soldats