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L’ÉMIGRATION.

pagation de la langue de Voltaire : il doit bien déplorer aujourd’hui ses sermons et ses catéchismes allemands ! C’est le clergé des deux communions chrétiennes qui, dans un intérêt, hélas ! mal entendu, s’est opposé à l’enseignement du français sur cette terre si française. Nous avons eu grand tort de lui céder ; nous avons péché par excès de tolérance, personne ne nous accusera d’avoir commis un seul excès d’autorité.

Les hommes de Berlin, s’ils étaient aussi forts en politique qu’en balistique, auraient tiré profit de notre expérience en évitant notre unique faute, Dans quel but ont-ils pris l’Alsace et une partie de la Lorraine ? Pour tourner contre nous Metz et Strasbourg et pour nous opposer la barrière des Vosges qui nous couvrait contre leurs invasions. Disons encore, si vous voulez, qu’ils étaient alléchés par les ressources de ces provinces ; qu’ils convoitaient les mines, les carrières, les forêts de l’État, les plaines grasses, les grands outillages, et cette masse énorme de richesses naturelles ou factices qui produit des millions d’impôt. Mais ils pouvaient se donner tout cela, et même le garder quelque temps, sans dépeupler l’Alsace et la Lorraine. Les forteresses, ils les ont ; la ligne des Vosges, ils la tiennent ; le domaine, ils l’exploitent ; l’impôt, on l’eût payé entre les mains de leurs percepteurs, parce qu’on a l’habitude de le