Page:About - Alsace, 1875.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
ALSACE.

mais, l’histoire en main, j’ose dire que l’annexion de l’Alsace à la France fut un chef-d’œuvre de politique et d’administration. Si les populations se soumirent de bonne grâce à leur nouvelle destinée, ce ne fut pas seulement parce qu’elles sympathisaient de longue date avec nous, mais encore et surtout parce qu’elles furent réunies par des hommes sensés, modérés, confiants dans l’action du temps et dans la force d’attraction qu’ils avaient lieu d’attribuer à la France. Une noble province, profondément attachée à ses traditions et sensible par-dessus tout au point d’honneur, comprit, dès le premier moment, qu’elle pouvait devenir française en restant elle-même : on respecta sa langue, ses habitudes, ses privilèges, ses libertés ; le plus auguste représentant du droit divin et de l’autorité despotique ne toucha pas du bout du doigt aux institutions républicaines de Strasbourg !

Rien n’y fut innové jusqu’à la Révolution, et les glorieuses nouveautés de 1789 n’excitèrent qu’un immense applaudissement dans les murs où Rouget de l’Isle devait bientôt improviser la Marseillaise. Si l’on peut reprocher quelque chose aux gouvernements qui se sont succédé chez nous depuis trois quarts de siècle, c’est un scrupule exagéré ou plutôt une trop grande condescendance aux idées du clergé alsacien, qui craignait la pro-