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L’ÉMIGRATION.

lement entraîner l’émigration d’un peuple. C’est la chancellerie de Berlin qui, dans l’espoir d’intimider les optants, a déclaré que tout Français né ou simplement domicilié en Alsace devrait abandonner son domicile à l’échéance du 1er octobre, ou devenir Allemand malgré lui. Une telle mesure n’est pas seulement odieuse et révoltante pour l’humanité, elle est sotte : elle a jeté hors du pays des milliers d’honnêtes gens, laborieux, éclairés, riches, que le vainqueur avait intérêt à retenir, et qu’un gouvernement un peu intelligent n’eût pas renoncé à séduire.

Enfin, c’est la chancellerie qui a précipité les choses et les a mises au pis, par sa prétention enrôler, dès demain, la jeunesse la plus française de France. La sainte horreur du casque à pointe a chassé plus de familles que le ressentiment des massacres, des incendies et des pillages allemands. On peut tout pardonner avec le temps à l’ennemi le plus implacable ; mais, vécut-on cent ans, on ne se pardonnera jamais à soi-même d’avoir porté les armes contre son pays.

II

Je n’appartiens pas à l’école qui déifie Louis XIV au profit de ses héritiers plus ou moins dégénérés ;