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ALSACE.

auraient pu s’impatroniser à la longue sans dépeupler le pays. De même que les Français des provinces temporairement occupées prennent patience et supportent la vue des uniformes allemands sans que l’idée leur vienne d’émigrer, la population des départements annexés, qui a foi elle aussi, dans l’avenir, se serait cramponnée au sol natal en s’armant d’une patience un peu plus longue.

Pour assurer ce résultat, plus conforme à ses intérêts qu’aux nôtres, le gouvernement de Berlin n’avait qu’à se montrer honnête ; je veux dire à exécuter le traité de Francfort, dans son véritable esprit, sans en martyriser la lettre. S’il avait envoyé, dans les départements conquis, des fonctionnaires familiers avec la langue française ; s’il avait respecté les usages de la population, permis l’enseignement du français dans les écoles, laissé les noms des rues tels qu’ils existent de mémoire d’homme, calmé le zèle de sa police, respecté le secret des correspondances privées, et, pour tout dire en un mot, imité la modération dont nous lui avons donné l’exemple, ici même, pendant plus de deux siècles, je crois qu’il eût, sinon coupé, du moins apaisé cette fièvre d’option qui l’exaspère aujourd’hui.

L’option elle-même, si nombreuse qu’elle eût été, disons même si générale, ne devait pas fata-