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L’ÉMIGRATION.

Il y a quelque temps, un notable habitant de Metz se trouvant obligé de débattre une affaire avec le général commandant la place, l’officier allemand entreprit de l’amadouer et lui dit :

Les Alsaciens-Lorrains sont presque tous de pauvres gens, mais, en vérité, nous ne comprenons rien à leur conduite. Ils ont des habitudes régulières, de fortes attaches de famille, de profondes racines dans un sol que le ciel a favorisé entre tous ; ils ont toutes les libertés qu’ils désirent ; ils peuvent rester au café ou à la brasserie, si bon leur semble, jusqu’à minuit. Cependant ils émigrent en masse, ils quittent le certain pour l’incertain, et ils abandonnent la place aux banque-routiers d’outre-Rhin.

— Oui, répondit l’honorable M. F…, nous sommes des maladroits et des ingrats, car nous avons non-seulement tout ce qu’on peut souhaiter, mais encore quelque chose de plus.

— Quoi donc ?

— Votre présence.

L’auteur de cette réponse appartient, je n’ai pas besoin de le dire, à l’élite de la classe moyenne. Voir les Prussiens chez soi, et les y voir parader en maîtres, c’est un véritable supplice pour les hommes d’une certaine éducation. Toutefois, comme les élites sont toujours des minorités, j’estime que les dominateurs d’Alsace-Lorraine