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L’ÉMIGRATION.

milliards et nos pendules, toute la nation courut aux armes comme un seul homme. Les pères et les fils se rangèrent sous ce drapeau noir et blanc qui leur avait fait si grand’peur en 1866 ; ils suivent, comme un troupeau, le général de Moltke, qui avait canonné quatre ans plus tôt leurs frères ou leurs fils, et qui les conduisit tambour battant à de nouvelles boucheries.

Entre les Brandebourgeois du prince Frédéric-Charles, les Bavarois de von der Tann et les Badois von Werder, nos départements envahis n’ont pu faire aucune différence : c’était la même brutalité, la même gloutonnerie, le même culte pour un vieux fétiche couronné, le roi Guillaume. Le patriotisme saxon, hanovrien, hessois, wurtembergeois s’évanouit pour faire place à je ne sais quelle adoration servile. Les proscrits de la Prusse qui avaient trouvé un refuge au milieu de nous ne se souvinrent de notre hospitalité que pour guider leurs anciens persécuteurs et pour leur dénoncer les maisons riches.

Voilà le véritable esprit des Allemands ; ce peuple ne sait rien refuser au vainqueur ; il a pratiqué de tout temps la religion de la force. Guillaume ne le verra jamais plus rampant que Napoléon l’a vu, dans Berlin même, après Iéna.

Maintenant, reportez vos yeux sur l’Alsace ou sur cette partie de la Lorraine qu’ils appellent