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ALSACE.

novre, à la Saxe, aux villes libres et à toute l’Allemagne septentrionale, c’est à peine si l’on entends en Europe un bruit timide et discret de protestations isolées. Quelques princes boudèrent, quelques sujets firent les mécontents, mais bientôt la Confédération du Nord se précipita tout entière au-devant d’une servitude qui leur promettait l’unité, la grandeur et la force.

Ces bottiers allemands ont toujours rêvé bottes. Après le plaisir insolent de fouler sous leurs bottes un plus faible qui n’en peut mais, ils mettent au premier rang l’honneur de se vautrer eux-mêmes sous la botte d’un grand, gros homme, lourd et fort.

Aussi les Germains du Midi, catholiques et protestants, bavarois, wurtembergeois et badois, pêle-mêle, rois et peuples, sauf peut-être le petit mélomane quinteux qui encense Wagner à Munich, furent-ils prussifiés par miracle aussitôt qu’ils furent rossés. Ils se jetèrent sur le bâton qui les avait battus comme une bande d’enfants mal élevés sur un sucre de pomme, et quelques millions d’Autrichiens seraient venus en lécher leur part, si la fierté hongroise ne les eût menacés du fouet.

Non-seulement les Allemands conquis ou à conquérir se sont offerts avec joie au despotisme brutal de la Prusse, mais le jour où M. de Bismarck ouvrit la chasse contre nos provinces, nos