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ALSACE.

maîtres sont réunis chez M. Braun comme en un vaste réservoir qui les répand à bon marché dans les cinq parties du monde. Un amateur intelligent peut aujourd’hui, sans sortir de son cabinet, faire ample connaissance avec Raphaël, Michel Ange, Léonard de Vinci et tous les maîtres du dessin ; il peut s’entourer de leurs œuvres les plus exquises et vivre dans un milieu aussi divin que l’Olympe du vieil Homère.

En parcourant les ateliers de M. Braun, j’ai remarqué un grand nombre d’écloppés, presque tous jeunes ; quelques-uns n’avaient pas vingt ans. Vous les choisissez donc ? lui demandai-je.

Il me répondit : Non, je les prends tels que la guerre les a laissés. Ce jeune homme a eu les mains gelées ; cette autre a reçu une balle dans la jambe au combat de Villersexel ; mes deux fils ont fait cette campagne, eux aussi, et si vous les aviez vus au retour !

J’ai pris congé de Mulhouse et de ses braves habitants dont beaucoup, je le vois, n’y seront plus l’année prochaine. Le travail me rappelait à Paris, j’ai traversé l’Alsace en toute hâte et je ne me suis arrêté à Saverne que pour prendre ma famille et fermer notre chère maison.

Voici comment nous avons arrangé nos affaires : La maison restera telle qu’elle est, toute meublée, et nous la laisserons ainsi jusqu’au jour proche